Un lecteur attentif de notre blog nous fait part de quelques remarques suite à la publication de deux articles sur les propos de Manuel Valls.
D'accord avec l'outrance des saillies du ministre de l'Intérieur, notre fidèle visiteur du blog nous invite à ne pas oublier de mettre aussi des "posts" sur la Droite dont l'attitude actuelle le mérite selon lui.
On ne peut lui donner tort !
Notre camarade fait une série de propositions de sujets en épinglant par exemple Nadine Morano pour ses propos contre les juges qui ont mis en examen Sarkozy ou en égratignant NKM pour ses mots contre les roms et sa proposition d'ouvrir les magasins parisiens la nuit.
Enfin il relève les phrases scandaleuses du sénateur UMP Eric Doligé qui veut fusiller les 40 ministres du gouvernement pendant que Gaudin propose de fournir les kalachnikovs.
C'est bien sûr avec plaisir que nous faisons un "post" sur les maux de la Droite et c'est donc sur ce dernier incident que nous consacrons l'article de ce jour.
En effet ces propos sont plus que scandaleux, ils sont dangereux.
Rappelons préalablement les mots du sénateur Doligé : "Moi, je dois vous dire que j'ai un instinct meurtrier en ce moment. Je suis comme la plupart des citoyens, moi, je ne supporte plus Hollande et sa bande !" [...]
"Il faudrait qu'on évite de se tirer dessus entre nous et qu'on fasse tout pour tirer plutôt... enfin, moi, j'ai une liste de gens que je peux vous donner, sur qui il faut tirer, hein. Il y en a une quarantaine, c'est tous ceux du gouvernement." Là-dessus Jean Claude Gaudin de rajouter "et moi je peux fournir les kalachnikovs".
L'Histoire ne repasse pas les plats dit-on à juste titre mais parfois elle bégaye. Ce sont les mots haineux qui ont tué Jaurès avant l'attentat meurtrier du militant de l'action française Raoul Villain.
Il est bon de s'en souvenir. Les élus de République qui profèrent des sentences de ce genre en 2013 sont donc impardonnables.
Souvenons-nous de la chronologie qui a aboutit à l'assassinat du 31 juillet 1914.
Jaurès était en sursis depuis vingt ans en raison de ses efforts pour la paix qui lui attiraient une haine incommensurable des conservateurs imbéciles et assassins mais à partir de l'assassinat de l'héritier de la couronne de l'Autriche-Hongrie à Sarajevo les choses vont s'accéler et aller crescendo.
La presse bourgeoise se déchaîne contre lui, l’accuse de collusion avec l’Allemagne. On l’appelle « Herr Jaurès ». A la Chambre, il est hué par les députés de la droite et de l’extrême-droite.
L’écrivain Charles Péguy écrit : « Dès la déclaration de la guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès. Nous ne laisserons pas derrière nous ces traîtres pour nous poignarder dans le dos ».
Paul Déroulède titre un de ses articles dans le journal L’Action française : « TUER JAURES ». Quant à Léon Daudet, le 23 juillet 1914, une semaine avant l’assassinat de Jaurès, il écrit : « Nous ne voudrions déterminer personne à l’assassinat politique, mais que Jean Jaurès soit pris de tremblements ! ».
Le 31 juillet Jean Jaurès meurt sous les balles de son assassin au café du Croissant.
Il convient de se souvenir que les mots peuvent être moteur d'un crime. Monsieur Doligé ne peut l'ignorer il est donc inexcusable. Merci donc à notre fidèle lecteur qui nous a permis de rappeler ce point d'Histoire.
Michel Berdagué 02/10/2013 14:38